« le moyeu, c’est notre coeur »

« La tradition indienne raconte l’histoire d’un grand érudit expert dans tous les domaines : physique, astrologie, religion, poésie… rien ne lui était inconnu, sauf le bonheur. Curieux et inquiet, il alla voir un maître qui lui dit : « l’homme est comme une roue, il a une circonférence, des rayons et un moyeu. Vous connaissez la circonférence et les rayons, mais vous êtes passé à coté de votre moyeu et vous l’ignorez. »

Le yoga nous propose d’évoluer vers plus de simplicité et d’intériorité en privilégiant l’écoute. L’écoute profonde peut nous aider à cesser de privilégier les valeurs matérielles au détriment de l’intériorité, cesser de privilégier l’avoir sur l’être et peut-être retrouver le subtil équilibre qui permet à l’être de s’exprimer dans toutes ses dimensions.
Explorons ce chemin vers l’intériorité en réhabilitant le coeur en tant que siège de la connaissance, d’intelligence et de sagesse.
Le coeur ne connait pas de frontières et le moyeu demeure.

« Là où se trouvait une maison solide, il n’y a plus qu’une construction de l’esprit, déformée, mais répondant si parfaitement à la pensée qu’on la croirait encore bâtie dans le cerveau… Les temples, (l’esprit de notre temps) les a oubliés. C’est notre coeur ainsi dilapidé qu’il nous faut préserver au secret de nous-mêmes. » Rainer Maria Rilke

« Le bassin, stable et mobile »

« Le bassin, notre premier berceau, espace de relation entre le bas et le haut du corps, il est notre support pour nous mettre debout, physiquement et intérieurement.
Notre bassin peut être en état de crispation sur nos jambes ou sur notre tronc, cette puissante pièce architecturale de notre corps, en fonction de ce que nous avons vécu, peut s’accrocher à la partie inférieure ou supérieure de notre corps, faisant bloc au détriment de la liberté du bassin.
Dans chaque position du corps le bassin à une place essentielle car il est lieu de passage, de transmission, de communication lorsque la dissociation est possible entre bassin et jambes, entre bassin et tronc. Le bassin est le siège d’une stabilité qui permet le mouvement, stable et mobile à la fois.

Le bassin est un support fondamental dans l’assise, porté par le sol, il devient support pour le souffle, notre colonne se redresse et nous nous ouvrons au monde. Nous pouvons nous mettre debout et aller notre chemin »
Élisabeth

« Ouvrir le regard »

« L’image que l’on a de soi est souvent liée à notre passé, à notre expérience de vie, à notre mémoire, au risque de s’immobiliser, de se figer dans cette image.
Il y a aussi l’image que l’on souhaite montrer aux autres.
La pratique du yoga est un moment privilégié, comme une invitation à voir de l’intérieur comment nous sommes dans la vie. Nous pouvons alors ouvrir notre regard, modifier notre point de vue et découvrir d’autres aspects de nous-mêmes.
Lorsque nous portons notre attention sur une posture, c’est souvent avec un regard limité, avec nos barrières, nos impasses faisant naître un inconfort (douleurs, blocages, raideurs ..)
Lorsque nous pratiquons, il est essentiel de ne pas se laisser enfermer par la technique mais regarder au-delà de la forme, avec un regard plus intérieur nous donnant accès à de nouvelles possibilités.
Dans la pratique, comme dans notre vie, notre regard peut s’approfondir, s’élargir, avec une respiration vivante, nous donnant accès à un champ de conscience plus large.
Ouvrons nos regards vers le large, vers le plus vaste … »
Élisabeth

stabilité et mouvement

La stabilité est le fait de se tenir, de rester, d’être en arrêt, suspendu, immobile, se tenir fermement établi.
La stabilité évoque un engagement ferme que nous soyons en posture debout, assise ou allongée, une présence par le corps, l’esprit et le souffle.
La stabilité nous amène à assumer notre incarnation, assumer d’être là, dans le corps en relation avec la terre.
La stabilité nous offre la possibilité du mouvement.

Le mouvement, aller vers, marcher …
« J’écris pour me parcourir, Peindre, composer, écrire : mer parcourir. Là est l’aventure d’être en vie. » Henri Michaux
Notre pratique ne nous invite-t-elle pas également à nous parcourir ?
Le mouvement dans la pratique du yoga est une invitation à découvrir notre relation à nous-même, à notre corps, à notre souffle, à nos sens, à notre esprit, et au monde.
Pratiquer c’est une prise de conscience et une mise en relation.
Laissons dialoguer la stabilité et le mouvement, en nous et dans nos vies, à la découverte d’un espace de liberté.

Élisabeth

C’est la rentrée …

« C’est la rentrée et sa définition première est l’action de pénétrer à nouveau dans un lieu que l ‘on a quitté.
À chaque nouvelle saison, nous pénétrons à nouveau dans notre lieu de pratique et nous retrouvons le chemin de nos tapis, .
Le yoga nous propose de prendre le temps de nous questionner sur ce qui nous amène à être là où nous sommes, où que nous soyons, sur notre tapis et dans la vie, en cet instant.
Le yoga est une exploration, nous sommes des chercheurs au service du vivant. Notre quête débute avec la vie qui nous est donnée et se poursuit à chaque pas, à chaque étape de notre existence.
Le yoga, nous amène à habiter le lieu du corps, animé par le souffle. Chaque posture, chaque respiration, nous anime de l’intérieur, ouvre un espace de relation avec nous-même et avec le monde.
Que cette rentrée nous permettre de vivre encore plus profondément notre incarnation. Que notre pratique avec le corps et le souffle ouvre de nouveaux espaces pour la vie.
Belle rentrée.
Élisabeth

« Respiration complète et profonde » (suite)

« Si l’inspiration complète n’appelle pas une expiration de bonne qualité, elle est probablement forcée ou exagérée (de même pour l’expiration par rapport à l’inspiration).
De même, l’incapacité de répéter une dizaine de fois qualitativement et quantitativement ce type de respiration indique un excès probable d’une ou des deux phases respiratoires.
Ainsi, toutes les respirations ne sont pas de même longueur.
Dans la pratique, la première respiration « complète est souvent moins longue que la deuxième, qui elle même entraine une troisième plus longue que la précédente, et ainsi de suite jusqu’à l’amplitude « maximum » que l ‘on est alors encore capable de maintenir pendant un certain nombre de respirations. (…)
On notera encore que la longueur proprement dite d’une respiration complète (inspiration et/ou expiration) varie selon qu’on se trouve au début, vers le milieu ou à la fin de la pratique (en principe la respiration s’allonge) et selon le type d’exercice réalisé.
Signalons enfin que le plus souvent, lors d’une « contre-posture », on n’exige pas de respiration très profonde. Au contraire, on laisse une certaine liberté respiratoire pour que l’effet « contre-pose » joue également son rôle sur la respiration, et par là, sur la récupération. »
F. Moors.

« Respiration complète et profonde »

« Par « inspiration complète » on indique une inspiration :
– lente
– qui va jusqu’au maximum de la capacité inspiratoire, tout en veillant – et c’est impératif – au respect des deux critères suivants :
a) l’inspiration doit « être au service » de l’allongement et de la finesse de l’expiration qui suit
b) le cas échéant, le pratiquant doit être capable de reproduire au moins dix fois cette respiration (qualitativement et quantitativement).

Ces caractéristiques, citées pour l’inspiration, sont évidemment valables pour l’expiration, notamment par rapport à la qualité de l’inspiration qui suit.

On voit ainsi que l’inspiration et l’expiration ne sont pas des phases respiratoires séparées et figées. Au contraire, elles s’entraident et se répondent mutuellement.

Il s’agit aussi de comprendre que dans les expressions, « inspiration/expiration complètes », l’aspect qualitatif (finesse, subtilité, douceur …) prime sur l’aspect quantitatif (longueur, puissance …), les deux n’étant que des facettes de « la » caractéristique principale d’une bonne respiration en yoga. »
F. Moors

« La pratique du yoga, vers une quête spirituelle »

 » Aujourd’hui, en Occident comme en Inde, nous sommes pressés et le temps nous manque pour mener à bien les projets qui pourraient nous grandir. Nos possibilités sont immenses et pourtant, elles ne peuvent s’épanouir parce que nous nous y prenons mal et que nous n’avons pas de temps à y consacrer. Cependant, le yoga peut nous aider.
Toutes les réponses aux questions que nous nous posons à ce sujet sont implicites dans les premiers aphorismes des Yoga-Sutra de Patanjali.

1 – Suis-je prêt, prête, à entreprendre cette enquête qui me conduira éventuellement à « me rencontrer » tel que je suis ?

2 – Le yoga est l’aptitude à la concentration de l’esprit dans une seule direction et en aucun cas source de distraction du mental.

3 – Patanjali sous-entend qu’il ne s’agit pas de devenir un expert dans l’art de la concentration mais plutôt de développer la capacité de découvrir à des niveaux de plus en plus profonds, ce que l’on est et ce que l’on n’est pas.

4 – Malheureusement, l’homme n’a aucun effort à faire pour être distrait. Il porte naturellement son attention vers l’extérieur et s’identifie à son activité mentale dispersée.

La pratique essentielle du yoga, la clé du yoga, celle qui ouvre la porte à la connaissance de soi et à la spiritualité, c’est la méditation. Établir le silence intérieur, pour permettre l’écoute de ce qu’il y a de plus profond en soi, c’est vraiment ce qui nous manque le plus. »

TKV Désikachar

« La pratique du yoga, vers une quête spirituelle »

« Le chemin de la spiritualité passe par la connaissance de soi.
Se connaître mieux pour agir en fonction de ce que l’on est, voilà la recherche primordiale.
La pratique du yoga n’est pas un but en soi mais bien l’outil aux multiples facettes qu permet l’enquête spirituelle. Je me souvient de mon apprentissage avec mon maître, Shri T.Krishnamacharya : chaque fois qu’il m’enseignait le yoga, il m’enseignait quelque chose sur moi-même. (…)
Quand nous pratiquons les postures (âsana) et les exercices respiratoires (pranayama), nous procédons à un nettoyage, nous éliminons les impuretés qui habitent notre mental afin de pouvoir « observer et mieux connaître » ce que nous sommes. (…)
La quête spirituelle ne nous conduit pas nécessairement en des lieux sacrés. En premier, elle nous situe à notre place réelle dans le quotidien. (…) Mais savons nous encore que la spiritualité c’est avant tout arriver à mettre de l’ordre dans notre vie et nos gestes quotidiens. »
TKV Désikachar

« Svadharma et Yoga »

« L’unité passe par par une recherche personnelle. (…) Il faut d’abord que chacun, individuellement, se prenne en charge, s’interroge, se « trouve ». Je constate que plus on se met en résonance avec son dharma, plus on le vit, plus on comprend, respecte et encourage les autres dharma. C’est l’enseignement de la Bhagavad-Gîta.

« Que diriez vous du yoga en tant qu’outil pour trouver son svadharama en Occident ? »

Soyons clairs : ici le mot yoga ne se limite pas simplement à une sorte de gymnastique ni à un ensemble de postures plus ou moins spectaculaires.
Le yoga de Patanjali est un ensemble de moyens, de techniques, de conseils de première importance. Selon cet enseignement, c’est essentiellement à cause d’une confusion profonde (avidya) que nous sommes dans l’impossibilité de nous connaître, de nous assumer, d’être à l’aise dans notre milieu.
Prenons « avidya » et deux de ses différentes expressions :
– l’excès d’attachement : je vois un reportage sur le Japon et sans plus attendre je veux devenir un maître zen !
– et l’aversion : un prêtre de ma communauté religieuse commet une erreur et du coup de hais ma propre religion, je lui trouve tous les défauts.
Il en va de même pour l’égo, la vanité, l’orgueil ; et pour ces sentiments de peur de mourir, d’angoisse et d’attachement crispé à cette vie.
Ces cinq sources d’afflictions agissent comme des obstacles qui freinent ou empêchent l’observation sérieuse de soi. Le yoga est un ensemble de techniques qui permet de réduire la virulence de ces inhibiteurs de la recherche intérieure.
Oui, vraiment, le yoga, s’il n’est pas réduit à une gymnastique permet de trancher ces liens qui nous empêchent d’agir clairement. »
TKV Désikachar