Sagesse, Liberté et recherche de l’Absolu selon le Yoga de Patanjali (1)

Se mettre à l’écoute des penseurs de l’Inde

« L »homme n’est pas libre. C’est le premier constat de la pensée indienne. A vrai dire, cette vérité n’est pas pour nous évidente. Le monde moderne nous a déshabitués de cette vérité qui fut pourtant connue des Grecs, puis des chrétiens. C’est qu’avec le monde moderne on a vu se transformer, se relativiser l’idée même de « liberté ». La liberté avait été pensée comme un accord parfait de l’homme avec lui-même.
Aujourd’hui, la liberté c’est un sentiment passager que l’homme ressent de temps à autre, bon gré mal gré, au fil de son vécu, en fonction de son rapport à autrui ; l’homme est, en bref, plutôt préoccupé de l’agir et de l’avoir que de l’être, et que de son intégrité propre. L’homme d’aujourd’hui, médiatisé à l’extrême, poussé hors de lui-même, se préoccupe de sa liberté de pensée, de sa liberté d’expression, de sa liberté d’action, de sa liberté de mouvement, comme si l’empêchaient de voler les ailes trop larges de la société technique, dont on lui avait pourtant annoncé quelle lui donnerait plus de temps et de liberté … Il n’a plus le temps de s’occuper de la liberté en tant que telle… Il expérimente le sentiment fugace de liberté plutôt que la liberté elle-même. Et il croit souvent être libre.

Il n’est donc pas évident de se mettre à l’écoute de Patanjali et des penseurs de l’Inde qui nous disent que l’homme n’est pas naturellement libre.
Dans chaque chapitre des Yoga-Sûtra, on trouve cette affirmation : « L’homme n’est pas naturellement libre », écrite avec plus ou moins de force selon le contexte. Le deuxième chapitre en particulier brosse d’entrée de jeu un tableau peu alléchant de la condition humaine : l’homme est dominé par ses problèmes intérieurs (les klesha), ses actions sont inconsciemment motivées ou récupérées par ses tendances ou ses latences les moins avouables (les âshaya : litt. « ce qui gît au fond de lui ») et en conséquence, il souffre (duhkha).

Philippe Geenens

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