« Dans les traditions patriarcales, la vie individuelle et collective veut et croit pouvoir s’organiser en dehors de l’ambiance du monde naturel. Le corps – appelé aussi microcosme – est alors coupé de l’univers – appelé, lui, macrocosme. Il est plié à des règles sociologiques, à des rythmes étrangers à sa sensibilité, ses perceptions vivantes : le jour et la nuit, les saisons, la croissance végétale … Cela signifie que les participations à la lumière, aux bruits ou aux musiques, aux odeurs, aux touchers voire aux goûts naturels ne sont plus cultivées comme qualités humaines. Le corps n’est plus éduqué à développer ses perceptions mais à se détacher du sensible pour une culture plus abstraite, plus spéculative et plus socio-logique. Le yoga m’a appris à revenir à la culture de la perception sensible. En fait, je l’ai toujours aimée. Depuis mon enfance, la nature m’a aidée et appris à vivre. Mais le yoga m’a ramenée à ce goût avec des textes qui me conduisent de l’innocence des sensations à leurs traductions et supports spirituels qui en permettent le développement, et parfois la communication ou le partage. (…)
Apprendre à écouter de beaux sons, à contempler de belles couleurs, à goûter de bons produits de la terre aide à devenir spirituel. Et nous n’avons pas assez d’une existence pour éduquer nos facultés sensibles. » L. Irigaray